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LA FRANCE CRUE

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Gilles Lartigot : "Aujourd'hui, on ne se nourrit plus : on bouffe"

Gilles Lartigot : "Aujourd'hui, on ne se nourrit plus : on bouffe"

Inconnu du grand public il y a un an, Gilles Lartigot fait aujourd'hui du bruit avec son livre "Eat", classé n°1 sur Amazon au rayon "Nutrition". Fort du succès de ses "Chroniques d'un fauve dans la jungle alimentaire", il donne des conférences partout en France pour dénoncer l'exploitation animale et l'industrialisation de notre nourriture. Convaincu par les bienfaits de l'alimentation végétale, ce quinqua ultra sportif espère être le déclic d'une réflexion sur nos assiettes modernes. Mais qui se cache derrière le Eat Man ? 

Gilles Lartigot : "Aujourd'hui, on ne se nourrit plus : on bouffe"
Peux-tu nous raconter ton parcours ?

Je suis un auteur 100 % indépendant. J'ai écrit « Eat » il y a un peu plus d'un an. Avant ça, j'ai eu un parcours de vie assez éclectique. J'ai été musicien puis producteur. J'ai vécu en Californie à l'âge de 18 ans. C'est à cette époque que j'ai été au contact du monde du sport et de la culture physique, et que j'ai commencé à m'intéresser à la nutrition. J'ai travaillé avec mon père qui était imprimeur. J'ai fait beaucoup d'activités différentes jusqu'au moment où j'ai commencé à me poser des questions sur mon métier, sur la vie en général.

On est souvent absorbé par notre travail. S'il est passionnant, on peut se réaliser dans le travail et c'est une bonne chose. Mais la plupart du temps, le travail empiète sur la vie personnelle et familiale. Pour les gens qui ont des enfants se pose le problème de ne pas les voir grandir, de ne pas pouvoir s'occuper d'eux. Avec ma femme, nous avons voulu faire un rupture.

Nous nous sommes lancés dans un projet sur l'industrie agro-alimentaire. Ça a commencé par des reportages en caméra cachée pour la protection animale. Nous nous sommes rendus compte des atrocités qu'on faisait à nos animaux, surtout aux animaux que l'on consomme, qui sont dans nos assiettes. Ensuite, nous avons eu affaire aux mensonges de l'industrie agro-alimentaire. Je fais allusion aux conseils nutritionnels du type : « il faut boire du lait », « la protéine animale est meilleure que la protéine végétale »... Toute cette désinformation, qui est appuyée par des lobbys, nous a conduit à écrire « Eat ».

Comment mangeais-tu à tes débuts de sportif ?

En musculation, un repas classique se compose de beaucoup de laitages, du poulet, du bœuf ou du thon avec du riz. Un truc bien digeste quoi ! Mon approche de la nourriture était purement physique. Il fallait que je mange mes protéines, mes glucides, un peu de graisse. C'était des repas avec très peu de cru donc, auxquels s'ajoutaient les compléments alimentaires à base de lait de vache, les sodas light, les boissons pour l'endurance avec de la malto-dextrine, des colorants bien fluos...

Mais malgré tout, j'avais l'impression de manger de façon très diététique. Je n'ai jamais été très plats préparés ou plats en sauce car mon sport m'imposait de manger « propre » comme on disait. Ça fait sourire aujourd'hui... Mon changement alimentaire s'est fait rapidement et le végétal est aujourd'hui la base de mon alimentation. C'est encourageant de se dire que le changement peut se faire à tout âge !

Quel a été le déclic de ton changement alimentaire ?

Ça a été lorsque l'on m'a aidé à infiltrer des élevages industriels pour mon enquête. Le premier a été un élevage de poules pondeuses qui m'a assez traumatisé, suivi d'élevages de cochons. Là, j'ai vu des choses que je n'aurais pas dû voir et qui m'ont fortement marqué. Du jour au lendemain, je n'ai plus pu consommer de viande. J'étais un peu en panique car je continuais le sport et j'avais toujours ces préjugés sur l'alimentation ancrés depuis une vingtaine d'années. J'ai donc été obligé de me renseigner sur des alimentations dites « alternatives » : le végétarisme, le végétalisme, le cru, les jus...

Ça a été une révélation pour moi. Je me suis rendu compte que l'on pouvait manger en toute conscience. Une fois que l'on sait comment sont élevés nos animaux et de quelle façon ils sont abattus, il y a peu de personnes qui pourraient continuer à manger cette viande. C'est devenu un grand n'importe quoi, surtout au détriment des animaux. Quand on sait que l'on tue 3 millions d'animaux par jour et qu'il faut toujours produire plus, il est évident qu'ils sont abattus de façon horrible. Pour produire plus de végétaux, il a fallu utiliser les pesticides, etc... Pour produire plus d'animaux vivants, on les rend malades intentionnellement.

Aujourd'hui, les gens ne veulent pas voir, ne veulent pas savoir. Et lorsque l'on me dit que l'homme a toujours mangé de la viande, mis à part que c'est faux, il faut surtout bien voir que l'homme n'a jamais mangé de la viande élevée en cage. C'est ce qu'il se passe aujourd'hui. Avant la 2nde Guerre Mondiale, il n'y avait pas d'élevages industriels. On mangeait des animaux élevés dans des conditions normales. On donnait du fourrage aux bovins et pas du maïs OGM. On ne les gavait pas d'antibiotiques, on ne les vaccinait pas dès la naissance.

Tout ça m'a choqué. Le fait que ces infos ne soient pas relayées dans les médias dominants m'a aussi frappé. J'ai dû vraiment chercher loin les informations pour trouver comment se nourrir autrement. Mon expérience personnelle réussie a achevé de me convaincre.

Coucou je mange des plantes

Coucou je mange des plantes

Qu'est-ce-que tu entends par l'expression « Nourriture originelle » ?

C'est la nourriture qui est produite par la terre ! C'est essentiellement le végétal. Je m'appuie notamment sur des textes de Charles Darwin, le père de l'évolutionnisme, qui dit que l'homme est constitué comme un végétarien donc doit manger du végétal. Hippocrate, le père de la médecine, était végétarien. Les grands penseurs grecs comme Socrate étaient végétariens. T'as aussi Albert Einstein, Confucius, Léonard de Vinci... Tu commences à te poser des questions : ils sont quand même très intelligents ces gens-là !

Je n'aime pas classer les gens : les végétariens, les crudivores... Pour moi, ce sont des cases à faire exploser. Quelque soit nos choix, il y a une nourriture toxique et une nourriture originelle. Si tout le monde voulait de la viande biologique, élevée « normalement », il n'y en aurait pas pour tout le monde et surtout, on n'en mangerait qu'une fois par semaine ! C'est ce que faisaient les anciens.

La nourriture originelle, c'est ça : comment nous alimentions-nous avant l'industrie agro-alimentaire ? Avant les farines blanches, les produits transformés ? Aujourd'hui, on ne se nourrit pas : on bouffe.

Qu'est-ce-qu'on gagne à changer notre alimentation ?

On gagne la santé. C'est quelque chose de primordial. Malheureusement, les gens prennent souvent conscience de leur alimentation quand ils sont malades. C'est dommage, il vaut quand même mieux prévenir. Lorsque l'on a des enfants, on veut leur santé. En leur donnant des steak-frites, des purées, du Mc Do, du Coca ou des bonbons, on empoisonne nos enfants. Il faut en être conscients.

Mais lorsque l'on se rend compte que l'on peut manger autrement, que c'est bon, que l'on prend du plaisir, la problématique n'est pas celle de l'argent. Les gens dépensent de l'argent en médicaments, substituts de repas, compléments alimentaires, vitamines chimiques. La problématique qui se pose est celle du temps. Le temps a été volé par la société moderne. On a plus le temps d'aller faire le marché, de cuisiner, de s'informer...

Le problème est global, il touche d'autres domaines de la vie. Il ne faut pas vouloir changer le monde mais il faut se changer soi-même. On le peut et la nourriture est à la base de ce changement parce que lorsque l'on boit des jus frais, on ne pense pas la même chose que si l'on boit du Gatorade. Avec le changement alimentaire, une sorte d'éveil se produit. C'est comme ouvrir une cage. A force de bouffer de la nourriture toxique, nos pensées en sont affectées. C'est donc une histoire de prise de conscience et c'est à chacun de « décliquer », de trouver sa porte d'entrée vers celle-ci.

Ça vous a plu ? Donnez vos impressions en commentaire et n'hésitez pas à partager cette interview depuis la page Facebook de la France Crue ! Vous pouvez retrouver les dates des show-conférences de Gilles Lartigot ici.
Bonne semaine les radis roses ! RDV dimanche 21 juin pour l'épisode #5 en vidéo sur Youtube : )